Dans le régime réel, les propriétaires peuvent alléger leur impôt grâce à certaines charges déductibles. Frais de réparation, intérêts d’emprunt, primes d’assurance, taxes locales… toutes ces dépenses sont précieuses pour faire baisser le revenu foncier imposable. Mais attention, rien ne vaut sans preuve.
Chaque charge doit être justifiée avec des documents clairs et datés. Une simple omission ou une facture manquante peut suffire à faire sauter la déduction. Et l’administration fiscale ne plaisante plus avec ça.
Ce texte rappelle les règles essentielles : quelles dépenses passent, quels justificatifs garder, les pièges à éviter, et les risques en cas de contrôle.

Sommaire
Définition des charges foncières déductibles
Les charges foncières déductibles regroupent les frais engagés par un propriétaire pour assurer la gestion, l’entretien, la réparation ou encore l’amélioration d’un bien immobilier mis en location. Ces dépenses, lorsqu’elles respectent certains critères posés par l’administration fiscale, peuvent venir en déduction des revenus fonciers bruts. Résultat : une imposition réduite.
Conditions à respecter
Pour qu’une charge soit considérée comme déductible, trois règles fondamentales doivent être remplies :
- Il faut qu’elle ait été effectivement versée pendant l’année fiscale en question.
- Elle doit être appuyée par des justificatifs solides : factures, contrats, relevés de compte, etc.
- Elle doit être directement liée à la location, dans l’intérêt exclusif du bien loué — toute dépense à usage personnel est automatiquement exclue.
Exemples de charges déductibles
Voici les dépenses couramment acceptées comme déductibles :
- Travaux d’entretien ou de réparation (ex. : réfection de toiture, remplacement d’une chaudière, ravalement de façade).
- Intérêts et frais d’un emprunt immobilier souscrit pour l’acquisition, la rénovation ou l’amélioration du bien.
- Primes d’assurance couvrant les loyers impayés ou les dégradations locatives.
- Honoraires liés à la gestion du bien : syndic, agence immobilière, expert-comptable.
- Taxes comme la taxe foncière ou la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, si elle n’est pas récupérée auprès du locataire.
Dépenses non déductibles
Les dépenses visant à agrandir, construire ou transformer le bien de façon durable (comme l’édification d’une extension ou la construction d’un garage) relèvent de l’investissement. Elles ne sont donc pas admises comme charges déductibles.
Pour une lecture complète des règles en vigueur
Conditions pour pouvoir déduire les charges foncières
Déduire une charge foncière de ses revenus locatifs ne va pas de soi. L’administration fiscale encadre fermement cette possibilité. Pour qu’une dépense soit acceptée, plusieurs critères doivent être réunis. Ces conditions visent à s’assurer que la charge est légitime et véritablement liée à la gestion du bien mis en location.
1. La dépense doit concerner un bien réellement destiné à la location.
La charge doit s’appliquer à un logement qui est effectivement loué ou qui va l’être dans un délai raisonnable. Par exemple, si une chaudière est remplacée dans un logement temporairement inoccupé entre deux baux, la dépense reste déductible à condition que la remise en location soit prouvée et rapide.
2. La dépense doit être prouvée par des documents clairs
Le propriétaire doit être en mesure de présenter des pièces justificatives solides : factures, contrats, attestations ou relevés bancaires. Un simple ticket de caisse ou un devis non suivi de paiement ne suffit pas. Sans preuve, la charge est automatiquement rejetée.
3. La dépense doit avoir été réglée pendant l’année fiscale
Seules les dépenses exactement payées durant l’année d’imposition peuvent être déduites. Un devis signé sans règlement ne compte pas. En revanche, un acompte déjà versé est considéré comme une charge déductible.
4. La dépense doit être normale et liée à la gestion locative
Elle doit servir à entretenir, réparer ou gérer le bien. Les dépenses jugées luxueuses ou destinées à améliorer le confort (ex. : transformation d’un grenier en suite parentale) ne sont pas retenues. En revanche, la remise en état d’une toiture est admise.
Exemples de cas non déductibles
- Achat du bien immobilier
- Travaux de construction ou d’agrandissement
- Dépenses à caractère personnel
- Paiements non justifiés (ticket de caisse sans facture, paiement en espèces sans trace bancaire)
Consultez le guide fiscal complet.
Justificatifs exigés par l’administration
La déduction des charges foncières repose sur une règle simple, mais stricte : aucune dépense ne peut être déduite sans preuve solide. En cas de contrôle fiscal, l’administration peut demander à tout moment de justifier les montants déclarés. Si les justificatifs sont absents ou jugés insuffisants, la charge est écartée et le revenu foncier est recalculé à la hausse.
Documents à conserver
Voici les principales pièces à garder, en fonction du type de dépense :
Nature de la dépense | Justificatifs attendus |
---|---|
Travaux d’entretien ou de réparation | Facture détaillée (nature, date, adresse du bien), preuve de paiement (relevé bancaire, virement, chèque) |
Intérêts et frais d’emprunt | Relevés de compte, tableau d’amortissement, contrat de prêt |
Assurances | Police d’assurance et justificatif de règlement annuel |
Gestion locative | Honoraires, mandats, échanges avec l’agence |
Taxes foncières | Avis d’imposition, preuve de paiement |
Charges non récupérées auprès du locataire | Quittances, relances, échanges écrits avec le locataire |
Erreurs fréquentes à éviter
Certaines pratiques entraînent un rejet automatique des charges :
- Présenter un devis non signé ou jamais réglé
- Fournir un ticket de caisse sans lien clair avec le logement loué
- Oublier d’associer une facture à un paiement réel
- Déclarer des frais liés à un bien non mis en location ou à usage personnel
Jurisprudence et rappels officiels
Le Conseil d’état a rappelé, dans une décision du 26 octobre 2017, qu’une charge n’est acceptée que si le lien avec le bien loué est prouvé et si le paiement est effectif. Par ailleurs, selon le BOFiP, chaque dépense doit être “précise, individualisée, datée et localisée”.
BOFiP – BOI-RFPI-BASE-20 §40 à 120
Conseil pratique
- Garder les originaux (papier ou numérique) pendant au moins 3 ans à compter de la date de déclaration
- Associer chaque facture à une ligne spécifique de la déclaration
- Éviter les paiements en espèces, difficilement traçables
Conséquences en cas d’absence de justificatifs

Déduire une charge sans preuve valable expose le propriétaire à des risques importants lors d’un contrôle fiscal. Voici les principales sanctions possibles.
Rejet de la déduction
Si la charge déclarée n’est pas accompagnée d’un justificatif suffisant, elle est réintégrée dans les revenus fonciers imposables. L’impôt à payer augmente d’autant.
Redressement fiscal
Lors d’une vérification, l’administration peut recalculer le revenu foncier en supprimant toutes les charges non prouvées. Si elle estime qu’il y a une intention délibérée de fraude, une majoration allant de 10 % à 40 % peut être appliquée.
Évaluation d’office
Sans aucun justificatif présenté, l’administration est autorisée à estimer forfaitairement le revenu du bien. Le contribuable perd alors toute possibilité de contestation sérieuse.
Intérêts de retard et pénalités
Les montants injustement déduits sont accompagnés d’intérêts à hauteur de 0,20 % par mois de retard. Des amendes supplémentaires peuvent aussi être imposées selon les circonstances.
Bonnes pratiques pour prévenir les litiges
Certaines habitudes simples peuvent éviter bien des problèmes en cas de contrôle :
Tenue rigoureuse de documents
- Créer un dossier par bien loué, mis à jour chaque année
- Y archiver factures, baux, relevés bancaires, contrats
Paiements traçables
- Privilégier les virements ou chèques
- Associer chaque paiement à une facture ou contrat précis
Documentation des travaux
- Photographier les lieux avant et après l’intervention
- Demander un document de fin de chantier à l’artisan ou à l’entreprise
Revue annuelle des dossiers
- Contrôler la présence des justificatifs pour chaque charge déclarée
- Comparer les charges aux années précédentes pour identifier d’éventuelles anomalies
La déduction des charges foncières est un moyen légitime de réduire l’impôt foncier. Mais elle suppose de respecter des règles strictes et de tenir une comptabilité organisée. Une dépense mal justifiée ou douteuse peut entraîner des sanctions lourdes.
Il vaut mieux renoncer à une déduction incertaine que risquer un redressement. En appliquant les principes fixés par l’administration fiscale et en adoptant une gestion rigoureuse, vous renforcez la sécurité de votre déclaration tout en valorisant vos revenus locatifs.