Réaliser sa liasse fiscale peut vite devenir un casse-tête. Pour les entreprises au régime réel simplifié, le formulaire Cerfa 2033 est incontournable. Moins lourd que la liasse 2050, mais tout aussi technique, il concentre les données essentielles du bilan, du compte de résultat, et des ajustements fiscaux.
Avec l’approche de septembre, période stratégique pour de nombreuses entreprises en clôture décalée ou en préparation de l’exercice fiscal, il est crucial d’être à jour. Cet article vous propose une approche concrète, avec des cas pratiques adaptés à 2025, pour comprendre comment remplir la 2033 en toute confiance.
Vous apprendrez non seulement à décrypter les différents volets de ce formulaire, mais aussi à éviter les erreurs les plus fréquentes et à tirer parti des nouveautés fiscales du moment.

Sommaire
Le Cerfa 2033 : une obligation fiscale simplifiée, mais stratégique
À première vue, le Cerfa 2033 peut sembler n’être qu’un simple formulaire administratif parmi tant d’autres. En réalité, il constitue une pièce maîtresse du dispositif fiscal français pour les entreprises relevant du régime réel simplifié d’imposition (RSI). Moins complexe que la liasse 2050 destinée au régime normal, il permet néanmoins à l’administration fiscale d’avoir une vision complète de l’activité, de la structure financière et du résultat imposable de l’entreprise.
Sont concernées :
- Les TPE et PME commerciales, industrielles ou artisanales au régime simplifié (souvent par défaut),
- Les entreprises individuelles ou sociétés soumises à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés,
- Et plus rarement, certains professionnels libéraux qui choisissent d’opter pour le régime du BIC.
En somme, la 2033 est l’outil de synthèse entre comptabilité et fiscalité, et son bon remplissage permet d’éviter redressements, oublis ou incohérences.
Que contient précisément la liasse 2033 ?
Contrairement à la lourdeur de la liasse fiscale classique, la 2033 est composée de 7 annexes clés qui condensent l’essentiel :
- 2033-A – Bilan simplifié
Présente l’état des actifs (immobilisations, créances, trésorerie) et du passif (dettes, capital, résultat). - 2033-B – Compte de résultat simplifié
Retrace les produits encaissés et les charges supportées, donnant lieu à un résultat net. - 2033-C – Immobilisations et amortissements
Suivi précis des biens durables de l’entreprise et de leur usure comptable. - 2033-D – Produits et charges exceptionnels
Permets de traiter séparément les éléments non récurrents (indemnités, pénalités, etc.). - 2033-E – Informations complémentaires
Salaires versés, crédits d’impôt, effectif, aides perçues : une vraie photographie sociale et fiscale. - 2033-F – Plus-values, provisions
Utile pour gérer les opérations à traitement fiscal particulier. - 2033-G – Réintégrations et déductions
Dernier filtre avant l’imposition, où l’on régularise les éléments non déductibles ou déductibles fiscalement.
Chaque formulaire a un rôle précis, et l’ensemble doit rester cohérent avec la comptabilité générale. C’est là que réside toute la subtilité du Cerfa 2033 : il est simplifié, mais pas simpliste.
Formulaire n°2033-SD | impots.gouv.fr
Formulaire 2033 : le guide complet 2025
Cas pratiques pour septembre (2025)
À l’approche de septembre, de nombreuses entreprises clôturant leur exercice au 30 juin ou préparant leur prochain exercice s’interrogent sur le bon usage du Cerfa 2033. Voici trois cas pratiques réalistes pour comprendre comment appliquer concrètement les règles comptables et fiscales associées à ce formulaire.
Cas 1 – Une agence web en croissance maîtrisée
Julie gère une SARL spécialisée dans la création de sites vitrines. Avec un chiffre d’affaires de 145 000 € en 2024, elle reste sous le seuil du régime simplifié. Elle emploie un développeur salarié, et sous-traite une partie de la production. Son logiciel de gestion, amorti sur trois ans, entre dans la rubrique des immobilisations.
Ce qu’il faut surveiller :
- L’intégration des amortissements (2033-C)
- Les charges externalisées (2033-B)
- Les éventuelles réintégrations liées à des dépenses non déductibles (2033-G)
Julie découvre aussi que ses formations suivies via des organismes agréés ouvrent droit à un crédit d’impôt à indiquer en 2033-E.
Cas 2 – Un e-commerçant avec stock important
Loïc vend des accessoires pour animaux via sa boutique Shopify. Il clôture au 31 août. Son chiffre d’affaires de 290 000 € et son stock de 20 000 € exigent un traitement rigoureux du bilan. Loïc ne comptait pas valoriser ses invendus, pensant qu’ils étaient négligeables.
Erreur classique ! Le stock doit être valorisé à son coût d’achat ou de production. Un oubli affecterait directement le résultat. Il devra aussi ajuster les provisions sur les articles périmés dans le formulaire 2033-F.
Cas 3 – Une consultante indépendante au réel simplifié
Maya, ancienne salariée reconvertie en consultante RH, a généré 68 000 € de chiffre d’affaires cette année. Bien qu’elle soit en entreprise individuelle, elle est au régime réel simplifié pour profiter d’un meilleur suivi comptable.
Elle travaille depuis chez elle, avec des charges mixtes (abonnement internet, logiciels, coworking). L’essentiel est de ventiler clairement ses frais professionnels et d’éviter de surévaluer ses dépenses à usage personnel.
Ce qui change en septembre 2025 : les nouveautés à connaître
L’actualité fiscale apporte son lot de nouveautés en cette rentrée. Pour remplir correctement la liasse 2033, voici les modifications à intégrer dès septembre 2025 :
- Les seuils du régime simplifié ont été revus à la hausse :
840 000 € pour les ventes, 280 000 € pour les prestations. Une excellente nouvelle pour les entreprises en croissance qui évitent ainsi de basculer au régime réel normal. - Les dépenses de logiciels SaaS sont désormais immédiatement déductibles, sans obligation d’amortissement sur plusieurs exercices.
- Un nouveau cadre fiscal a été instauré pour les investissements en IA et outils de productivité digitale, éligibles à des crédits d’impôt via le CII ou le CIR.
- Les crédits d’impôt formation sont prolongés jusqu’à fin 2025. Les dirigeants peuvent donc continuer à en bénéficier, à condition de ne pas dépasser les 40 heures déclarées.
- Attention à la cohérence entre aides perçues (type subventions, exonérations) et les montants déclarés. L’administration renforce ses croisements de données automatisés (via DSN, URSSAF, etc.).
Conseils d’expert : 5 réflexes pour une 2033 sans faute
Si le formulaire Cerfa 2033 est pensé pour alléger les obligations des petites structures, il n’en reste pas moins technique. Voici cinq conseils d’expert-comptable à garder en tête pour éviter les pièges classiques :
1. Relisez, même si vous utilisez un logiciel
De nombreux entrepreneurs pensent qu’un logiciel fait tout le travail. Pourtant, des erreurs d’affectation comptable ou des oublis de saisie restent fréquents. Prenez le temps de comparer les totaux de votre balance comptable avec les lignes de la liasse.
2. Faites parler vos amortissements
Trop souvent, les immobilisations sont mal suivies. Résultat : amortissements oubliés, actifs encore inscrits alors qu’ils ont été cédés… Le tableau 2033-C vous oblige à mettre à jour cette partie généralement négligée.
3. Ne négligez pas les charges mixtes
Abonnement téléphonique, voiture personnelle utilisée pour le travail, loyer à domicile… Ces dépenses doivent être ventilées et justifiées, sous peine de redressement. Il vaut mieux déduire prudemment que d’être recalé en cas de contrôle.
4. Déclarez les aides et crédits d’impôt
Aides à l’embauche, crédit d’impôt formation, CIR… Chaque avantage fiscal doit être explicitement déclaré (formulaire 2033-E) et justifié. Cela évite les suspicions d’omission ou de double emploi.
5. Pensez à la cohérence globale
Un résultat fiscal en forte baisse alors que le chiffre d’affaires explose ? Une trésorerie largement négative même si vous affichez des bénéfices ? Ces décalages doivent être justifiés, faute de quoi ils éveilleront la curiosité de l’administration.
Trop d’entrepreneurs remplissent leur liasse fiscale dans la précipitation, en la considérant comme une obligation administrative parmi d’autres. Or, la Cerfa 2033 est bien plus que ça. Bien renseignée, elle vous permet non seulement d’éviter les erreurs fiscales, mais aussi de mieux comprendre la rentabilité de votre entreprise.
En période de transition fiscale comme en septembre 2025, la maîtrise de cette déclaration devient un avantage stratégique, notamment pour anticiper les cotisations sociales, préparer des demandes de financement, ou ajuster son régime fiscal en toute connaissance de cause.